03/05/2015
16 % de la consommation énergétique des communes, 17 % de leur budget, 41 % de leur facture électrique
L'éclairage public, un secteur "mal géré" et gros consommateur d'énergie !
A Saint Pierre Quiberon, les deux derniers mandats ont complètement délaissé l'éclairage public...A Petit Rohu les trois candélabres de la rue du Parco sont en panne depuis le mois de janvier 2015...
Avec les progrès techniques en amont (LED), les économies de fonctionnement doivent être réinvesties en remplacement du parc de candélabre et dans les dispositifs de commande d'éclairage. Mais encore faut-il un plan et une organisation drastique...
La sous-traitance au SDEM des travaux "basse tension" est à la fois une chance et un frein à cette modernisation obligatoire.
Rénover l’éclairage public, le chantier de la décennie
Les Echos du 29 avril 2015
Rénover l’éclairage public, le chantier de la décennie - Shutterstock
Aujourd’hui trop énergivores, les technologies centenaires d’éclairage des rues sont dans le collimateur de l’Europe. Les investissements se chiffrent en milliards pour les collectivités.
Obsolète, et désormais hors la loi. Depuis le 13 avril, la commercialisation des lampes à vapeur de mercure et de certaines lampes sodium haute pression, trop énergivores, est interdite en France en application d’une directive européenne de 2009 qui concerne aussi bien l’éclairage public des rues que celui des bâtiments municipaux, des locaux scolaires ou des mairies. Les stocks bannis pourront encore être écoulés jusqu’à épuisement, mais les collectivités ne pourront plus se réapprovisionner. A plus ou moins long terme, elles devront donc revoir leur système, soit en changeant la source d’éclairage et plus vraisemblablement le luminaire, voire le candélabre tout entier. Investissement nécessaire : entre 300 et 2.500 euros par point lumineux, soit une addition d’au moins 9 milliards d’euros.
Des économies d’énergies importantes
Beaucoup ont déjà anticipé. Il resterait moins de 10 % de lampes à vapeur de mercure dans le parc d’éclairage extérieur français, c’est à dire 900.000 points lumineux, selon une étude publiée en février par l’Association des ingénieurs territoriaux de France. L’effort est conséquent : en 2012, l’Association française de l’éclairage avait tiré la sonnette d’alarme, indiquant qu’au moins 3 millions de lampes au mercure subsistaient encore sur le territoire. Depuis, ses arguments ont porté. Outre l’occasion de repenser le design, l’ambiance et d’intégrer l’éclairage dans des dispositifs de télégestion avec des ampoules de nouvelle génération, électroniques et plus compactes, l’intérêt est économique.
Le remplacement des anciennes lampes, dont la conception est plus que centenaire, par des diodes électroluminescentes (LED) notamment permet des gains substantiels : de 5 % par exemple grâce à l’amélioration de la précision des commandes d’allumage et jusqu’à 60 % en équipant un réseau des plus récentes technologies. Logique : seulement le tiers de la lumière émise par les lampes à vapeur de mercure est efficace. Leur élimination à l’échelle mondiale permettrait d’économiser sur 4 milliards de points lumineux près de 140 milliards de dollars et de réduire de 580 millions de tonnes les émissions de CO2 par an, selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement. En France, l’Ademe chiffre le potentiel à la hauteur du poids de l’éclairage public dans les finances locales : 16 % de la consommation énergétique des communes, 17 % de leur budget, 41 % de leur facture électrique.
Mais, faute de moyens, seulement une ampoule remplacée sur deux est une LED, encore plus onéreuse qu’une lampe sodium, qui constitue encore la principale alternative au mercure avec 60 % de part de marché. « Compte tenu de la longévité de ces ampoules, le parc d’éclairage français se renouvelle à la vitesse de seulement 3 % par an », explique Ophélie Barou, responsable des applications sur le marché des nouvelles technologies lumineuses au Cluster Lumière, qui regroupe les principaux acteurs français du secteur. Trop lent pour les industriels de la filière, qui ont calculé qu’il faudra trente ans à ce rythme pour renouveler totalement le parc français, dans lequel les collectivités locales pèsent pour 23 % (5,6 TWh pour l’éclairage extérieur, soit 10 % de la consommation totale d’éclairage dans le pays, qui représente elle-même 12 % de la consommation d’électricité).
Le contrat de performance énergétique
Pour accélérer le mouvement, ils peuvent compter sur quelques aides départementales aux communes, mais plus souvent sur des contrats de délégation totale ou partielle de service public. Beaucoup ont été séduites par des offres de partenariat public-privé : 60 projets ont été financés de cette manière, soit 41 % de l’ensemble des PPP signés, généralement pour vingt ans. Un certain nombre sont aujourd’hui attaqués ou dénoncés. « La procédure permet certes une mise à jour rapide du parc, mais elle fige la technologie déployée pour de nouveau plusieurs décennies », juge un professionnel.
Pour être certains de ne rien rater des progrès dans ce domaine, de plus en plus d’acheteurs se tournent vers les contrats de performance énergétique qui permettent d’étaler les investissements dans le temps pour profiter des dernières avancées. Paris, par exemple, a donné dix ans au groupement Evesa pour réaliser 30 % d’économie d’énergie sur ses 200.000 points d’éclairage public et 1.800 carrefours à feux. Les technologies LED, trop coûteuses au moment de la signature du contrat en 2011, sont maintenant systématiquement mises en concurrence.
Les chiffres
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2 Milliards d’euros. Les dépenses annuelles de l’éclairage urbain en France. La moitié est consacrée à la maintenance, le reste se partage équitablement entre consommation et renouvellement du parc.
5,6 TWh. L’éclairage public représente 1,2 % de la consommation d’électricité nationale.
9 Millions. Le nombre de points lumineux en France. Ils coûtent chacun 9,3 euros par habitant contre 7,2 euros il y a vingt ans. Ils sont 90 millions en Europe, et 4 milliards dans le monde. Source : Association française de l’éclairage
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